Dimanche, 14h
-Monsieur, comment je peux avoir internet?
-Reviens demain.
Lundi 13h30
-Monsieur, comment je peux avoir internet?
-Va voir Siham.
-Siham, comment je peux avoir internet?
-Mets ton nom sur la liste.
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-Monsieur, monsieur, quand vais-je avoir l’internet?
-As-tu mis ton nom sur la liste?
-Oui.
-Alors, tu devrais l’avoir vers 8h ce soir.
20h15
-Monsieur, vous avez des nouvelles pour l’internet?
-Le technicien sera de retour dans une demi-heure.
-Une demi-heure?
-Disons une heure.
21h15
-Monsieur, est-ce qu….
-Il n’est pas arrivé, il va venir te voir. Tu peux rester dans ta chambre.
22h30
-....
-Il n'est pas arrivé.
-D'accord, je vais me coucher.
23h
Toc-toc-toc
-Il est arrivé. Il va venir te voir dans quelques minutes.
00h
N'y tenant plus, je vais me coucher.
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Outre leur idée de temporalité toute relative, j’apprécie beaucoup les gens de ma résidence.
Je suis arrivée à Rabat dimanche. J’ai pris le train de Casablanca. J’aime les trains. Ça me rappelle quelque chose de l’enfance. Pourtant, je ne me souviens pas l’avoir pris petite. Mais il y en avait tellement dans les dessins animés que l’aspect magique est resté: quand je serai grande, je prendrai le train moi aussi.
J’ai eu beaucoup de chance de tomber sur un chauffeur de taxi soucieux (peut-être est-ce dû au fait qu’il a fait monter une autre femme avec moi (donc que je payais en partie pour elle)? Ou que je sois descendue à la mauvaise gare, doublant le prix de la course?).
Enfin. Pour une fois que j’avais une adresse et que le chauffeur connaissait la rue, ça ne pouvait pas fonctionner. Comme demandé, il m’a laissée devant le 3, Ahmed Blafrj. Comme c’est le quartier des écoles et des ambassades, tous les bâtiments sont cernés de hauts murs blancs. L’endroit semblait désert. Il a appelé le centre où je devais aller. Ils lui ont dit : devant la petite porte. Je suis restée devant la petite porte, à frapper à en avoir les mains rouges, à sonner frénétiquement. Le taxi attendait toujours, pas tellement rassuré. Il a rappelé. « Reste devant la petite porte.» Je lui ai répondu que c’était impossible que je sois devant la bonne porte et que je n’allais pas rester immobile devant une porte pendant des heures. La dame a pris son téléphone et a appelé. « C’est de l’autre côté». Le chauffeur a repris mes bagages et nous sommes repartis.
Finalement, le centre où j’étudie est en diagonale de l’endroit où j’étais. Deux bâtiments, deux côtés de rues, une adresse.
Comme quoi, les adresses, ça sert à quoi?
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J’avais pratiquement une délégation qui m’attendait, après tous ces coups de fil. Bouchra, une employée qui s’occupe notamment de notre ménage, a traversé la rue en courant, m’a accueillie comme une vraie survivante, prenant mon bagage d’une main et ma main de l’autre. On s’est alors jetées devant les voitures. Devant mon hésitation, elle a dit : «Tu es marocaine maintenant, viens.»
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Le centre est magnifique. Très propice à l’étude. C’est une grande maison tout de blanc et de bois. Il y a une vaste cour, des ordinateurs, une cuisine (ils servent les déjeuners et les dîners). J’étais impressionnée.
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Bouchra m’a ensuite amenée à ma résidence. Sur le site internet, trois résidences étaient décrites et j’ignorais laquelle serait la mienne. Les deux premières étaient plus petites, avec salle de bain, salon et cuisine communs.
Je suis tombée sur la troisième. Plus qu’une chambre, c’est comme un 11/2.
La résidence pour filles est près d’une université marocaine. Ça devait être la rentrée pour elles aussi, parce que j’ai croisé plusieurs parents les bras chargés d’effets personnels.
Le bâtiment est entièrement neuf et sent la peinture. J’ai une chambre avec deux lits, une fenêtre, deux grandes tables, deux chaises, des étagères, des armoires à clef, une salle de bain et une petite cuisinette avec frigo. Tout est neuf! Les matelas et oreillers sortent directement de leur emballage en plastique, le frigo vient tout juste d’être mis en fonction.
La résidence est composée de 6 bâtiments qui donnent sur une grande cour intérieure, avec des bancs, des palmiers, des fleurs. Hier, quand je suis arrivée (c’était dimanche, donc encore un jour de week-end), il y avait des boîtes empilées dans l’entrée de mon bâtiment. Ils ont installé des fauteuils en cuir noir avec des tables aujourd’hui. J’ai hâte de pouvoir les utiliser!
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Sinon, je n’ai encore rien vu de Rabat. Il y a des excursions prévues avec l’école, en arabe. Je profiterai de l’occasion pour voir le centre-ville, puisque, pour l’instant, je suis dans un quartier où il n’y a rien à voir (nous sommes juste à côté du ministère de la Communication).
Malgré cela, comme il y a plusieurs résidences étudiantes dans le coin, il y a des deux restos et des dépanneurs à cinq minutes de marche.
J’ai vraiment l’intention de profiter de mon séjour pour étudier. Je compte me promener le week-end (je veux voir Meknès, Fès, Marrakech et le désert), mais je veux surtout approfondir ma connaissance de la langue. Tout est mis à notre disposition dans ce sens, aussi bien rentabiliser tout ça.
Je vais tâcher de continuer d’écrire, mais disons qu’il n’y aura pas de nouvelles photos tous les jours!